Les forêts de l'Ouest américain souffrent du réchauffement
Le taux de mortalité des arbres des forêts de l'Ouest américain a plus que doublé en quelques dizaines d'années, probablement du fait du réchauffement climatique, selon une étude parue le 23 janvier dans la revue Science. Toutes les classes d'âge, toutes les espèces et toutes les altitudes sont concernées.
L'étude a porté sur 76 parcelles de forêts âgées d'au moins 200 ans, réparties dans plusieurs Etats : Oregon, Washington, Californie, Arizona, Colorado, Nouveau Mexique et Colombie-Britannique au Canada. L'état de santé de ces parcelles est suivi depuis 1955. C'est la plus vaste étude de ce type entreprise sur les forêts tempérées.
Une équipe de chercheurs de l'US Geological Survey, spécialisée dans l'étude de l'environnement aux Etats-Unis, et de plusieurs universités américaines a mis en évidence une corrélation entre l'augmentation moyenne des températures dans la région et la hausse du taux de mortalité des arbres. Ce taux a doublé en seulement dix-sept ans dans le nord-ouest des Etats-Unis, et moins de trente ans dans les autres régions. Dans le même temps, l'apparition de jeunes arbres est restée stable. Le renouvellement de ces forêts à long terme n'est donc pas assuré.
Les conséquences seront importantes si cette tendance se poursuit, affirment les chercheurs, ce qui est probable au vu des prévisions des modèles climatiques. "Les forêts deviendront plus clairsemées et les arbres seront plus jeunes et plus petits", explique Philip van Mantgem, auteur principal de l'étude. "La structure même de ces forêts pourrait être en train de changer, selon Jerry Franklin, l'un des auteurs. Elles pourraient se stabiliser à des niveaux de biomasse inférieurs à ceux que nous connaissons. Elles stockeront donc moins de carbone." Ces changements auront également un impact sur toutes les espèces animales et végétales dont la survie dépend des forêts.
SÉCHERESSES PLUS LONGUES
Les chercheurs ont écarté plusieurs causes possibles : dynamique interne des peuplements (compétition accrue entre les arbres par exemple), fragmentation du paysage, pollution atmosphérique par l'ozone, incendies, etc. Même les forêts protégées des parcs nationaux sont touchées.
L'augmentation des températures et le manque d'eau qui en résulte seraient les principaux responsables. Une neige moins abondante et une fonte printanière plus précoce entraînent un allongement des sécheresses estivales.
Or les arbres sont capables de résister à des sécheresses isolées, mais pas à un manque d'eau répété. En outre, des températures plus élevées favorisent la prolifération des insectes ravageurs, responsables de mortalités massives. "Les attaques se sont multipliées depuis le milieu des années 1990, rappelle Thomas Veblen, l'un des auteurs. Les forêts apparaissent de plus en plus vulnérables."
Selon l'équipe, ces résultats doivent conduire à repenser la gestion des forêts, notamment en favorisant la migration des espèces par la création de couloirs reliant les espaces naturels. C'est ce principe qui guide la création d'une trame verte en France, où l'impact du réchauffement sur la forêt est également constaté.